La Banque centrale européenne n’accepte pas la démocratie

La Banque centrale européenne a annoncé qu’à compter du 11 février, elle n’accepterait plus les titres publics grecs en contrepartie des liquidités accordées aux banques grecques, au motif que le nouveau gouvernement grec n’acceptait plus la politique d’austérité et de régression sociale à laquelle ce mécanisme avait été conditionné. Ne disposant guère de titres privés de bonne qualité à proposer à la BCE, les banques grecques ne pourront plus désormais compter que sur l’aide à la liquidité d’urgence fournie par la Banque centrale grecque. Or cette facilité est fragile – elle peut être remise en cause par la BCE – et limitée, surtout si, comme semble le souhaiter la BCE, la panique s’empare des déposants grecs et provoque des retraits massifs dans les guichets bancaires.

Alors que la plupart des gouvernements européens, quoiqu’ils en pensent, acceptaient de discuter avec les nouveaux élus d’Athènes afin de trouver des solutions qui, sans remettre en cause le fondement des politiques européennes, prennent néanmoins en compte le choix des citoyens grecs, la BCE vient brutalement rappeler qu’aucun compromis n’est possible avec le dogme néolibéral dont elle s’est fait le héraut.

Sa décision vise en effet à peser sur les négociations en cours, ne laissant aux nouvelles autorités grecques que le choix entre laisser leur peuple mourir de faim ou être asphyxié financièrement, afin de les contraindre à passer sous les fourches caudines de l’austérité. Parallèlement, les technocrates de Francfort exercent une « amicale » pression sur les gouvernements qui seraient tenter d’adoucir la discipline imposée aux Grecs voire à leurs propres peuples. Ce faisant, la BCE confirme que l’assouplissement monétaire décidé quinze jours auparavant (injection de 1 140 milliards d’euros d’ici à septembre 2016) visait moins à répondre aux besoins des populations qu’à satisfaire les intérêts des marchés financiers : les banques grecques seront exclues de ces rachats d’actifs publics qui profiteront essentiellement aux détenteurs de titres « sûrs » (banques allemandes, françaises...).

En jouant le chaos en Grèce, la BCE prend toutefois un risque énorme, celui de relancer la spéculation et de raviver une crise de l’euro qui pourrait non seulement déboucher sur son éclatement mais surtout, la démonstration ayant été faite de l’impossibilité de toute alternative à l’austérité, ouvrirait une voie royale aux politiques nationalistes et xénophobes ; une perspective extrêmement dangereuse pour la démocratie mais qui n’effraie manifestement pas les marchés financiers et leurs thuriféraires.

C’est inadmissible. Il faut en finir avec les diktats d’une institution non élue et irresponsable. Il faut remettre les banques centrales au service des peuples et sous le contrôle des citoyens !

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