La monnaie, une construction sociale

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La monnaie est traditionnellement définie par les fonctions qu’elle assure : unité de compte, instrument d’échange et réserve de valeur. Mais c’est d’abord une institution sociale dans la mesure où elle ne peut remplir ces fonctions que parce qu’elle fait l’objet d’un consensus. Elle est en effet une créance sur ceux qui l’émettent (banques et banque centrale). Elle suppose donc que ceux-ci bénéficient de la confiance des utilisateurs. L’acception de faire circuler cette dette constitue un élément fort de l’unité d’une société. La monnaie est ainsi porteuse de lien social.

Sa nature est donc éminemment politique. Comme le résume l’économiste Benjamin J. Cohen  : « Le pouvoir appartient à ceux qui créent la monnaie et à ceux qui la contrôlent. Au niveau politique, la monnaie est tout sauf neutre ». C’est bien pour cela que le pouvoir de battre monnaie a longtemps été l’apanage du pouvoir régalien et un attribut essentiel de sa souveraineté. Monnaie et religion ont d’ailleurs souvent accompagné les conquêtes militaires. Plus fondamentalement, c’est toujours le souverain, c’est-à-dire l’État en tant que représentant du peuple dans les sociétés démocratiques, qui garantit la confiance dans la monnaie.

Le contrat social sur lequel elle repose demeure toutefois fragile. Il peut être rompu lorsque la légitimité des autorités est contestée ou lorsqu’il apparaît que, loin de favoriser la cohésion sociale, l’ordre monétaire dominant ne profite qu’à une minorité et ne fait qu’accentuer les inégalités sociales. C’est notamment le cas lors des crises monétaires. La monnaie peut alors être un vecteur de contestation sociale : revendication d’un meilleur accès à la monnaie, création de monnaies parallèles… Le débat sur une autre utilisation de l’euro s’inscrit dans cette démarche.

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