Haïti : quelle malédiction ?

Un violent tremblement de terre a frappé Haïti le 12 janvier dernier, détruisant la capitale, Port-au-Prince, ainsi que plusieurs autres villes. Ce séisme a fait des dizaines de milliers de morts et plusieurs millions de sans-abri. Les scènes apocalyptiques relayées par les médias renvoient l’image d’un pays pauvre victime d’une terrible malédiction.

Si Haïti est régulièrement frappé par des cyclones dévastateurs et autres catastrophes naturelles, ce pays est surtout victime de ce qu’Éduardo Galeano a qualifié de « malédiction blanche », la sanction d’une émancipation qui ne lui a jamais été pardonnée.

Une double révolution a conduit les Haïtiens, en 1804, à abolir l’esclavage et à proclamer leur indépendance. En représailles, ils ont été contraints par la France à verser une rançon de 150 millions de francs or (21 milliards de dollars actuels).
Un mécanisme vicieux s’est alors enclenché, conduisant ce petit pays à s’épuiser littéralement (les espaces boisés, qui recouvraient toute l’île lorsqu’elle fut découverte par Christophe Colomb, ne représentent plus que 0,9 % du territoire) pour rembourser une dette qui ne s’est jamais éteinte (1,9 milliard en 2009). La dette est ainsi devenue l’instrument néo-colonial pour permettre le pillage des ressources naturelles de la « perle des Antilles ».

Lorsque la charge de cette dette devient trop insoutenable, les créanciers, pour l’essentiel les institutions financières internationales (Banque mondiale...), consentent quelques allégements ou annulations... sous condition que le gouvernement mette en œuvre les « plans d’ajustement structurel » qui lui sont dictés (ouverture des frontières, privatisations, baisse des dépenses publiques, création de zones franches...). Et lorsque les autorités locales se montrent un peu rétives, le tuteur américain n’hésite pas à intervenir directement, y compris militairement, pour faire respecter ses intérêts.

L’économie d’Haïti a ainsi été progressivement façonnée pour répondre aux besoins de ses occupants, « protecteurs » et créanciers.

Les grandes plantations tournées vers l’exportation (café, canne à sucre, agrocarburants) ont évincé l’agriculture vivrière : Haïti importe (des États-Unis !) 80 % de son riz alors qu’elle était autosuffisante il y a moins de 20 ans.
Les « ateliers à sueur » (sweat shops), installés dans les zones franches, profitent de la main d’œuvre bon marché que constituent les populations chassées des campagnes et entassées dans les bidonvilles autour des villes. Les États-Unis ont d’ailleurs détaxé les importations en provenance d’Haïti pour faciliter le retour de la production de ces ateliers.

De grands complexes touristiques se développent aujourd’hui, privatisant une partie du territoire de l’île dont les haïtiens seront de fait exclus. La pauvreté d’Haïti, la faiblesse de ses services publics et de ses infrastructures et l’absence de réelle autorité politique ne sont donc pas une fatalité mais la conséquence d’un système : l’impérialisme.

Si face à la catastrophe humanitaire, l’aide internationale est indispensable, le risque existe que celle-ci soit utilisée, comme en Asie après le tsunami, pour imposer définitivement aux Haïtiens un modèle économique qui leur a déjà coûté si cher. Pour conjurer ce risque et rendre sa souveraineté au peuple haïtien, il faut effacer la dette.

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