retraites : les raisons de la réforme (2), l’exemple belge 

Alors même qu’il s’agit d’un véritable enjeu de choix de société, partout en Europe le débat citoyen est confisqué pour être ramené sous le seul angle technique des mécanismes de pilotage.

On a vu qu’à l’instar de ce que fait Jean Paul Delevoye en France, chez nos voisins, dans les autres pays européens les gouvernements organisent des concertations, mais sans ne jamais rien ouvrir au champ des négociations.

L’exemple de nos voisins belges, où l’action syndicale construite dans l’unité a fait reculer leur gouvernement sur son projet de réforme, en remettant au cœur des débats la question du niveau de vie à la retraite et de la répartition des richesses, doit nous inspirer dans la campagne que nous engageons et que nous nous devons de gagner.

Allons voir de plus près comment ça se passe, pays par pays :
Et, en premier lieu, la Belgique :
Y a-t-il des régimes différents chez vous ?
Il existe 3 régimes (fonctionnaires, salariés, indépendants). Des financements différents pour chaque régime. Volonté du gouvernement d’harmoniser les régimes, au dépend du régime des fonctionnaire, ce qui abaisserait globalement les droits aussi des salariés mais serait plus bénéfique pour un certain nombre d’indépendants qui sont ressortissants d’un régime qui « sous-cotise ».
Le niveau de pension (taux de remplacement) :
Il faut 45 ans de cotisation pour avoir un taux plein. Le taux de remplacement est en moyenne de 47 %. Il recouvre des réalités disparates : 32% pour les salariés du privé, 29% pour les travailleurs indépendants, 69% pour les fonctionnaires.
Les règes sont aussi très différentes entre les différents régime en termes de durée de cotisation : 45 ans pour les salariés du privé contre 10 ans pour les fonctionnaires. La retraite moyenne est de 1699 euros, pour les fonctionnaires. Elle est de 950 euros pour les salariés du secteur privé. En Belgique, le seuil de pauvreté est estimé à 1150 euros, ce qui fait qu’une majorité de retraités, particulièrement ceux issus du privé, n’ont pas un niveau de pension suffisant et ont des revenus complétés des dispositifs de solidarité.
Comment fonctionnent les dispositifs de solidarités ? Période de chômage, de grossesse, etc... ? Existe-t-il la prise en compte des années d’étude pour les retraites ?
La maladie (avec dégressivité) et le chômage sont pris à taux plein, idem pour la maternité. Il existe des dispositifs particuliers pour les parents en charge des enfants en bas âges. Les années d’études sont prises en compte pour le régime des fonctionnaires via un financement public. Le gouvernement a remis en cause cela et le rachat des années d’études se fait désormais par les employeurs sur la moyenne de 2000 euros par année d’étude. Ce rachat ouvre à 1,78 euros de plus par mois de pension !
Les modes de financement : la répartition capital/travail ?
Le gouvernement Belge ambitionnait une réforme systémique visant au passage d’un système par répartition à un système par points (actuellement en annuités).
Le syndicat (FGTB) a travaillé à une position syndicale unitaire unanime qui s’oppose au projet de réforme. Le gouvernement, pour soutenir son projet, a argué d’un problème de financement pérenne, un phénomène amplifié par l’accroissement de l’espérance de vie. De plus, le gouvernement mettait en avant un manque d’actifs financiers dans les caisses de protection sociale. Ces éléments n’étaient construits sur aucune réalité, par exemple, sur ces 15 dernières années, pendant 5 années l’espérance de vie a régressé en Belgique. Une étude récente a démontré un écart de 25 ans d’espérance de vie entre un salarié à « bas revenus » et un à « haut revenu ». Concernant le financement de la protection sociale, le syndicat met en avant l’augmentation par deux des gains de productivité en trente ans. C’est là une tendance qui se confirme et se poursuit. La question centrale posée est celle de l’inégalité de la répartition des richesses. Concernant les mesures paramétriques, la réforme vise une augmentation de l’âge de départ de 65 à 67 ans, la fin des départs en retraite anticipés à 60 ans pour 35 années de carrière et à 63 ans pour 42 années de carrière, cela condamne les femmes à pousser leur carrière jusqu’à 67 ans...

Conformément aux exigences du patronat, le gouvernement prônait un mécanisme de « responsabilisation » des travailleurs avec la mise en place d’une retraite à points. Le cumul des points d’une carrière sera à multiplier par un coefficient dont la valeur ne sera connue que deux ans avant le départ. Comble du cynisme, cette valeur est fonction de deux paramètres tout à fait extérieurs à la carrière du salarié et sur lesquels celui-ci n’a aucune prise :

  1. le nombre de pensionnés partant à la même période
  2. l’état des finances publiques.

Sur ce deuxième indicateur macroéconomique, cela reviendrait, dans la situation actuelle des finances en Belgique (comparable à la France) à un gel des pensions pendant plus de 5 ans au minimum.

Grâce à une unité syndicale unanime et à une mobilisation sociale importante, le gouvernement a remballé son projet de réforme, le premier ministre annonçant son report à une prochaine législature.

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