Retraites : les raisons de la réforme (3) version outre Rhin :

Continuons ce petit tour d’Europe pour voir comment nos voisins s’en sortent (ou pas) et de quelles façons ces réformes sont présentées par les gouvernements.

Direction l’Allemagne :
40 réformes des retraites ont eu lieu depuis 1990. A chaque fois, le processus reste identique malgré les différents gouvernements : le ministère fait une proposition, consultation des organisations syndicales et des organisations patronales, puis consultation d’un comité consultatif de l’Etat.
La capacité d’intervention des syndicats est cependant très « fictive », sans influence réelle sur les textes.

En 2000/2001, les espoirs syndicaux d’un meilleur dialogue social ont été déçus, il a eu dans cette période un nouvel abaissement des pensions...La réformes Merkel a augmenté l’âge de départ à 67 ans... Il y a eu plusieurs tentatives de mobilisation syndicale mais ce qui a paradoxalement « sauvé » le système a été la crise financière qui a fait la démonstration de la solidité de ce système contributif un pilier fort car indépendant des marchés financiers en crise.
Ces dernières années, il y a eu de légères améliorations des prestations notamment des choix de ne pas augmenter l’âge de départ ou d’abaisser les pensions, il n’y a pas eu de gain pour les salariés/retraités, mais quand même, l’arrêt des réformes régressives .
Y a-t-il des régimes différents chez vous ?
Le fonctionnement ressemble à celui de la Belgique : un régime de base et un régime pour les fonctionnaires et un autre pour les travailleurs indépendants (médecins, avocats, etc...). Beaucoup de travailleurs indépendants ne bénéficient pas de système de retraite et ne sont donc couverts par aucun dispositif solidaire. Ils n’ont accès, lorsqu’ils en ont les moyens, qu’à des dispositifs par capitalisation. Le régime de base est un régime basé sur la répartition. Lors des accords salariaux, il y a eu, par le passé, des accords d’augmentation des retraites. Cela n’est plus le cas depuis 2001. Le régime de base est financé via un dispositif de cotisation salarié/employeur, pour ce qui est des régimes complémentaires, le financement est exclusivement assuré par les cotisations des salariés.
Le niveau de pension (taux de remplacement) :
Il se situe sur la base de salaire moyen réduit des contributions sociales sans imposition. Le taux de remplacement représente environ 48%. Depuis 2000, le niveau des pensions baisse de 10%, une tendance qui se poursuit actuellement. Le niveau d’âge de départ augmente. C’est la conséquence de l’abaissement du niveau des pensions qui contraint à travailler plus longtemps, ce qui n’empêche pas d’avoir des travailleurs âgés pauvres et par conséquent des retraités pauvres. Le régime prévoit un niveau moyen de retraite de 1400 euros bruts (personne n’atteint ce niveau) car cet exemple est sur la base d’un salaire moyen obtenu tout au long de sa carrière alors qu’en début de carrière, le salaire est plus faible qu’en fin. Les chiffres réels des pensions versées sont de 1050 euros de retraite pour les hommes, 750 euros pour les femmes (qui subissent du temps partiel, qui occupent des métiers moins rémunérées, qui ont des carrières fractionnées).
Comment fonctionnent les dispositifs de solidarités ? Période de chômage, de grossesse, etc... ? Existe-t-il la prise en compte des années d’étude pour les retraites ?
Il n’existe plus de dispositifs prenant en comptes les années d’étude. Il y a une possibilité de rachat par les salariés mais cela reste un leurre au regard du coût prohibitif du rachat compte tenu de l’impact extrêmement bas sur le niveau des pensions. Il existe des droits de prise en compte de la maternité qui permettent d’avoir la durée d’assurance pour les retraites, mais pas d’agir sur le niveau de la pension. Pour les chômeurs de courte durée, il existe un financement à hauteur de 80 % du dernier salaire.
Pour les chômeurs de longue durée, il n’y a plus de cotisation retraite, cela qui amène, le moment venu, au seul versement du minimum vieillesse de 800 euros.
Les modes de financement : la répartition capital/travail ?
Depuis 2000, les revenus du capital ont augmenté de 75% quand dans le même temps les salaires n’ont progressé que de 50%. En Allemagne, le patrimoine des 10% des plus riches représentent 70% de la richesse nationale. Le taux de chômage est de 2,5%, il y a 13 ans il était de 13%... Ce qui peut apparaître comme une situation saine revêt, en réalité,une s situation tout autre : il y a toujours 2,3 millions de chômeurs et la multiplication des emplois très précaires et de très courte durée (mini job) vient impacter les chiffres réels du chômage auxquels il faudrait adjoindre ceux de la précarité.

Le gouvernement a porté des oppositions entre les plus riches et les pauvres, entre les jeunes et les anciens, entre le secteur public et le secteur privé... Le désengagement de l’état s’est accru dans le financement du système de retraite. Il s’est accompagné d’exonérations de plus en plus importantes des contributions des employeurs. A ce jour, 1 million de personnes vivent sous le seuil de pauvreté en Allemagne. Le PIB a augmenté de 40%, lorsque, dans le même temps, les dépenses sociales ont progressé de 30 %. Il s’agit là d’une baisse structurelle du système de protection sociale. Pour ce qui est du troisième pilier des retraites, il n’a jamais fonctionné en Allemagne.

Le syndicat (DGB) milite pour revenir à un régime solidaire composé d’un régime de base et d’un régime complémentaire avec une plus grande contribution des employeurs. La démographie en Allemagne est problématique avec une population active vieillissante et un nombre de retraités qui augmente bien plus vite que les naissances.
Pour palier à cela, le syndicat propose d’augmenter les contributions salariés et employeurs. 80% des Allemands considère qu’une augmentation des contributions est acceptable, si elle se fait à 50% avec les employeurs et garantisse un bon niveau de retraite.

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