CTPM du 6.10.2008 : déclaration liminaire

Dans le Monde, en Europe comme en France, Toutes les raisons d’agir !

Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs,

Les travaux de ce Comité Technique Paritaire Ministériel dit « Budgétaire » se tiennent dans un contexte international et européen caractérisé par une généralisation, sans précédent ou presque, d’une crise financière, bancaire, monétaire ; un ralentissement durable de la croissance annonciateur d’une phase de récession, un chômage, une inflation et une insuffisance des rémunérations insupportables, une explosion des inégalités économiques et sociales, une dégradation de plus en plus préoccupante de la qualité de notre environnement, la persistance de processus guerriers et conflictuels entre États.

Dans un tel contexte, les questions relatives au pouvoir d’achat, à l’emploi, à la protection sociale, aux statuts, aux droits et garanties collectives, aux services publics et d’intérêt général, à la paix...demeurent au coeur des revendications portées par la CGT qu’il s’agisse des salariés, des retraités et des privés d’emploi dont la situation ne cesse de se dégrader.

Pour imposer la prise en compte de ces revendications, dans leurs dimensions internationale, européenne, nationale, l’action et l’intervention des salariés, des retraités, des privés d’emploi, demeurent indispensables.

C’est pourquoi, appelés par la Confédération Syndicale Internationale (CSI), la Confédération Européenne des Syndicats (CES), six organisations syndicales françaises dont la CGT, ces derniers seront dans l’action, avec des millions de travailleurs du monde entier, dans le cadre de la journée mondiale pour «  Un travail décent et un salaire décent  » de demain, mardi 7 octobre.

Partie prenante d’une bataille inscrite dans la durée, appelés par la fédération des finances CGT, une fois de plus, les personnels de Bercy et des institutions économiques et financières du secteur semi-public apporteront toutes leurs contributions à cette journée d’action.

Ils le feront avec d’autant plus de détermination que cette journée d’action intervient dans le contexte d’une crise internationale, européenne, nationale dans laquelle Bercy a aussi sa part de responsabilité en tant que bras armé du libéralisme.

Bras armé dans la mise en oeuvre de politiques publiques fiscales, financières, budgétaires, économiques, industrielles, statistiques, ayant pour objet d’organiser un affaissement et un retrait de l’État, de la puissance et de l’ordre publics.

Au fondement de telles politiques, des postulats et des dogmes affirmant :

 que le libre jeu de l’offre et de la demande, la concurrence pure et parfaite, assurent la meilleure allocation possible des ressources et la croissance optimale de l’économie,

 que les marchés sont doués de capacités autorégulatrices que rien ne saurait entraver.

Dés lors, les politiques, les services publics et d’intérêt général, n’ont cessé de faire l’objet de privatisations.

Dans le même temps, une marchandisation toujours plus grande de toute la société a été recherchée.
Force est de constater que les libéralisations, les privatisations, les déréglementations, les dérégulations entreprises ont généré la plus grave crise systémique que le capitalisme ait jamais connue depuis 1929.

Aujourd’hui, afin de tenter de régénérer ce système, ceux qui nous gouvernent tentent une fois de plus de faire en sorte que l’État soit la béquille du libéralisme.

De ce point de vue, la fédération des finances CGT observe avec beaucoup d’intérêt des processus amenant les États à opérer des nationalisations, des prises de participation dans telle ou telle entreprise, injecter des volumes colossaux de liquidités et de fonds publics...autant d’opérations, à priori, contraires aux idéologies, aux discours, aux politiques initiées et même à de nombreux traités internationaux, lois ou règlements...

Aujourd’hui, aux États-Unis, au sein de l’Union européenne comme en France, pour éviter l’effondrement, ceux qui nous gouvernent vont, une fois de plus, socialiser et nationaliser les pertes financières qui, in fine, seront financées par les salariés, les retraités, les privés d’emploi, les contribuables.

Notre fédération observe aussi avec beaucoup d’intérêt les discours consistant à affirmer que la crise actuelle trouverait son origine dans un défaut de régulation du système qui appelle donc une réhabilitation du rôle de l’État et de la puissance publique pour y parvenir.

Enfin, et dans le même temps, nous observons avec autant d’intérêt les discours consistant pour la Présidence de la République, le gouvernement, sa majorité parlementaire, à affirmer que les réponses et solutions à la crise nécessitent de poursuivre et même d’accélérer les réformes engagées depuis 2OO7, toujours sous l’aiguillon d’un patronat qui réclame, une fois de plus, à cor et à cri, une nouvelle baisse significative des prélèvements obligatoires opérés sur les entreprises.

Monsieur le Secrétaire Général,

Comme vous l’avez compris, la fédération des finances CGT considère que nous sommes confrontés à une crise structurelle et non pas seulement à une crise financière, que la financiarisation n’est donc pas une dérive du capital et du libéralisme à l’oeuvre mais le point d’aboutissement de leur logique.

Dans cette conjoncture difficile, le rôle de la puissance publique et plus particulièrement encore de BERCY, de par son rôle et sa place spécifique dans l’appareil d’État, nous apparaît une fois de plus décisif dès lors qu’il s’agit de jeter les bases d’une nouvelle stratégie de développement économique et social.

Une nouvelle stratégie nécessitant de nouvelles constructions internationales et européennes, une rupture totale avec les logiques et les finalités actuelles de la Révision Générale des Politiques Publiques et d’Intérêt Général comme de la Révision Générale des Prélèvements Obligatoires.

Une nouvelle stratégie, des choix nouveaux et des réponses nouvelles dont les constructions doivent prendre en compte les analyses, les propositions et les revendications portées par le mouvement syndical.

C’est pourquoi la fédération des finances CGT réitère ici sa demande d’ouverture d’un réel processus de négociations sur ces propositions et ces revendications ayant pour objectif :

 le développement de politiques, de missions, de services publics et d’intérêt général, de pleine compétence et de proximité sur l’ensemble du territoire, au service de la satisfaction des besoins sociaux, du plein emploi solidaire et du développement durable,
 la définition de plans pluriannuels de recrutement et de requalification des emplois contrairement aux 3 149 suppressions d’emplois envisagées au titre du projet de loi de finances 2009, au Ministère du budget, des comptes publics et de la fonction publique et au Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi,
 la revalorisation significative des salaires, des traitements et des régimes indemnitaires,
 la mise en oeuvre de politiques de haut niveau dans les domaines de l’action sociale, de l’hygiène et de la sécurité,
 la mise en oeuvre d’une protection sociale obligatoire de haut niveau contre les risques liés au chômage, à la maladie, la vieillesse, les maladies professionnelles, les accidents du travail tout en sauvegardant les systèmes de protection sociale complémentaire. Autant de revendications qui appellent une autre réforme des régimes de retraite et de l’assurance maladie.

Il s’agit aussi de maintenir et d’améliorer les droits statutaires et les garanties collectives des personnels dans un contexte où le statut général reste attaqué de front.
De ce point de vue, la fédération des finances CGT tient ici à réaffirmer son attachement à trois grands principes fondamentaux de la fonction publique que sont l’égalité, l’indépendance et la responsabilité.

Ce sont à la fois le statut de la fonction publique par opposition à la notion de contrat, l’organisation d’une fonction publique de carrière et non d’emploi ou de métier, mais aussi la recherche constante de l’efficacité sociale, qui permettent le respect de ces principes.

C’est pourquoi notre fédération réitère ici sa demande de retrait du projet de loi dit de la mobilité et des parcours professionnels ayant pour objet principal de permettre le licenciement des fonctionnaires.

Monsieur le Secrétaire Général,

La crise systémique à l’oeuvre est la plus grave qu’a connue la société internationale, européenne, française, depuis des décennies.

Pour la CGT, sa fédération des finances, ce sont les finalités, les logiques, les mécanismes d’un capitalisme mondialisé, financiarisé et patrimonial qui doivent être remis en question.
Il y a besoin de valoriser plus que jamais le travail, son rôle, sa place, ses rémunérations, ses conditions d’exercice...

Il y a besoin de penser et de mettre en place des constructions et des organisations internationales, européennes, françaises, ayant pour objectif la satisfaction des besoins sociaux, le plein emploi solidaire, le développement durable.
C’est pourquoi et comme vous le savez, à Bercy et dans les institutions économiques et financières du secteur semi-public, la fédération des finances CGT élabore avec ses adhérents et les personnels des revendications et des propositions alternatives aux logiques actuelles de la Révision Générale des Politiques Publiques et d’Intérêt Général et de la Révision Générale des Prélèvements Obligatoires.

Les personnels exigent des ministres que de véritables réponses soient apportées à ces revendications et à ces propositions.

Comme vous le savez, les personnels entendent aussi imposer la prise en compte par l’action de leurs revendications et propositions, à l’image de la journée mondiale pour un travail décent et un salaire décent du 7 octobre mais aussi de l’action en cours et à venir des personnels statisticiens.

Paris, le 6 octobre 2008

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