Trente cinq heures, et tous les maux ? (épisode 1/3)

C’est le « marronnier » de tous les discours d’experts, des économistes bien pensant, un des nombreux chevaux de bataille de, « mais c’est juste une idée personnelle », Emmanuel Macron. Les 35 heures seraient la raison, à défaut d’être l’objet de tous les fantasmes, de toutes les peines, de tous les maux de notre économie à la traine et la grande erreur historique d’une gauche définitivement ringarde.

Sur quoi s’appuie cette assertion ? Sur rien, ou plutôt sur l’idée qu’il faut reprendre au plus vite ce qui aurait lâché par idéologie ou par incompétence. Qu’en est-il réellement dans les faits, cherchons donc des analyses sérieuses, s’il y en a sur le sujet. On n’en trouve une, très documentée et complète : le rapport de la commission parlementaire d’enquête sur les 35 heures*. On y apprend, au fil des quelques 250 pages, très fournies en chiffres, données et graphiques que l’on est loin, mais très loin de l’argumentaire habituellement délivré, de façon bien souvent docte et définitive !

Commençons, pour être dans l’air du temps par le versant purement économique de l’affaire, puisque l’économie, avec un grand « É » semble dorénavant le but ultime de toute activité humaine, au service de laquelle tout doit se plier et être mesuré. Or, même là l’idée dominante s’avère erronée.

Les 35 heures ont été néfastes à la productivité ?

La productivité, en France reste une des plus élevées du monde. Non seulement les 35 heures ne l’ont pas entamée mais au contraire, les entreprises qui les ont instaurées avec annualisation du temps de travail ont gagné en flexibilité et ont pu faire tourner à plein rendement leur appareil de production, la durée d’utilisation des équipements industriels progressant de plus de 10 % en quelques années.

Les entreprises en ont souffert à l’international ?

C’est au contraire au moment où les gouvernements successifs commencent à revenir sur les 35 heures, à partir de 2003, que la compétitivité des entreprises s’affaisse. De plus, ce n’est pas tant la réduction du temps de travail que la parité euro/dollar qui a malmené le cout horaire de la main d’oeuvre française.

Les 35 heures ont contribué à ralentir la croissance ?

La rapporteuse de la Commission affirme, chiffres à l’appui, le contraire indiquant que ce sont même les 35 heures qui ont tiré la croissance européenne vers le haut. Le taux de croissance national progressant fortement après la mise en place effective de la réduction du temps de travail.

Mais également, si l’on s’en réfère (ce que fait le rapport) aux chiffres publiés par l’Insee, jamais autant d’emplois n’ont été crées (période de référence 1950 à 2013). Toujours d’après le rapport, la réduction du temps de travail s’est avérée être « la politique la plus efficace et la moins couteuse depuis les années 1970 ».

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