Compte rendu du RT encadrement supérieur du 28.11.2025
Ce groupe de travail est le 5ème de la série sur la mise en oeuvre à Bercy de la réforme de la haute fonction publique. L’appréciation générale de cette réforme par la CGT est à retrouver dans les compte-rendus suivants : https://www.cgtfinances.fr/vie-des-agents/encadrement/article/compte-rendu-gt-reforme-encadrement-superieur, https://www.cgtfinances.fr/vie-des-agents/encadrement/article/compte-rendu-gt-encadrement-du-17-12-2021
https://www.cgtfinances.fr/vie-des-agents/encadrement/article/rt-encadrement-superieur-reforme-de-la-haute-fonction-publique
A l’ordre du jour de cette réunion, le panorama du corps des administrateurs de l’Etat au sein des ministères économiques et financiers (MEF) et les enjeux de féminisation à venir, la méthodologie retenue pour décliner, le volet « expertise/expérience » de l’IFSE aux administrateurs de l’Etat et aux agents détachés sur emploi supérieur des MEF, à compter de 2026, les modalités d’application de la réforme aux grands corps techniques, en évoquant notamment les conditions d’adhésion au RIFSEEP en cours, un point d’actualité sur les procédures de recrutement dans le corps des administrateurs de l’Etat et sur le comité Parcours et Carrières.
En déclaration liminaire, la CGT Finances a redemandé d’obtenir des perspectives pluri-annuelles concernant cette réforme et a pointé la nécessité d’organiser des échanges sur l’encadrement intermédiaire dans des groupes de travail dédiés.
L’administration a retenu les demandes formulées sur ces points et s’est engagée, pour plus de profondeur historique, à transmettre les éléments pluri-annuels lors de la prochaine réunion technique. Concernant l’encadrement intermédiaire, une date sera recherchée lors de la réunion concernant l’agenda social ministériel.
Panorama du corps des administrateurs de l’Etat (AE) au sein des ministères économiques et financiers (MEF) et enjeux de féminisation à venir
A la mi-novembre 2025, les MEF emploient plus d’un tiers des 5 000 administrateurs de l’État. Cela représente 1 640 AE. Le corps des AE se compose, au sein des MEF, de seulement un tiers de femmes (et constitue le corps d’encadrement supérieur le plus féminisé), et ce malgré l’atteinte des objectifs de nomination équilibrées en 2024. En 2027, un taux de féminisation de 41 % des emplois de l’encadrement supérieur devra être respecté.
Pour la CGT Finances au-delà de fixer un objectif, il faut des mesures concrètes pour l’atteindre. Quelles sont les actions et les dispositifs prévus ?
En réponse, le ministère indique que pour permettre d’atteindre cet objectif, plusieurs leviers ont déjà été actionnés, mais il est nécessaire de continuer à les mobiliser : Femmes de Bercy ou Femmes de la DGFIP (réseaux qui permettent aux femmes de se réunir, d’échanger sur leurs parcours de carrière), mentorat, dispositifs virtuose et talentueuse. Les retours des participantes sont très positifs. Cela leur ouvre des horizons, leur donne le déclic qui va leur permettre de candidater ou encore leur permet de développer leur réseau. Ce sujet oblige néanmoins à penser l’attractivité des MEF en amont. Ainsi, un partenariat est en train d’être renforcé en direction des lycées et collèges.
Méthodologie retenue pour décliner, le volet « expertise/expérience » de l’IFSE aux administrateurs de l’Etat et aux agents détachés sur emploi supérieur des MEF, à compter de 2026.
En ce qui concerne l’IFSE « expertise », l’année 2026 constituera la première année de mise en oeuvre d’un dispositif permettant de valoriser l’expérience acquise par un agent (administrateur de l’Etat, ou sur emploi supérieur) sur son poste ou emploi à partir de deux ans d’exercice de fonctions. Il s’agit d’une possibilité offerte à l’employeur, et non d’une obligation de revalorisation. Seront concernés, en 2026, les administrateurs de l’Etat, les agents détachés sur emplois de direction, et les emplois d’inspection générale et de contrôle général au sein des MEF. Conformément aux dispositions régissant le RIFSEEP, les agents pouvant bénéficier de la revalorisation « Expertise » doivent justifier de deux ans d’ancienneté révolus sur le poste au 1er janvier de l’année de la campagne. Ceci impliquera de stabiliser une liste d’agents « éligibles », qui sera partagée avec les directions d’emploi.
En janvier 2026, la fiabilisation des listes pour les candidats retenus au critère expertise sera effectuée. Plusieurs scénarios sont ensuite envisagés, un scénario prudent prévoyant une saisie au titre du contradictoire en mars puis un lancement de la campagne dans la foulée. Il n’est pas possible en revanche d’assurer que les campagnes CIA et IFSE matcheront.
Réforme des grands corps techniques
Le décret n° 2025-822 du 12 aout 2025 prévoit le classement, au 1er décembre 2025 :
>> du corps des ingénieurs des Mines ;
– >> et des corps des administrateurs et Inspecteurs généraux de l’INSEE, lesquels sont intégrés dans le corps unique des Ingénieurs INSED.
Ce texte fixe les dispositions communes à l’ensemble des grands corps techniques de l’Etat (ingénieurs de l’armement, des mines, des ponts, des eaux et des forêts et de la statistique, de l’économie et de la donnée), dans une logique de rapprochement et de convergence.
Il crée une instance de gouvernance interministérielle commune à ces quatre corps, et leur applique la même structuration en trois grades que celle retenue pour les administrateurs de l’État.
Les conditions d’avancement instituées sont identiques à celles des administrateurs de l’Etat, et comportent de la même manière, une obligation de mobilité. De nouvelles voies d’accès à ces corps sont par ailleurs créées : troisième concours, concours réservé aux titulaires d’un doctorat.
Le décret d’août 2025 est une 1ère étape sur le rapprochement des corps techniques entre eux, leur spécificité étant que ces corps sont composés notamment d’experts.Il est également nécessaire de réfléchir à ce que sera la mobilité pour accéder au 2nd grade pour ces corps techniques (lignes directrices de gestion).
Sur la réforme indemnitaire, les deux corps d’ingénieurs ont vocation à adhérer au RIFSEEP. Des arrêtés doivent être adoptés :
– >> pour le corps des ingénieurs INSED qui a changé d’intitulé ;
– >> pour le corps des ingénieurs des mines, qui relevait jusqu’à présent des régimes indemnitaires suivants : ACF, prime de rendement, et IFTS.
A l’instar de ce qui a été prévu pour les emplois de direction et les emplois de directeur d’administration centrale, le bénéfice du RIFSEEP ne pourra être cumulé avec la NBI « encadrement supérieur ».
On en est au début du processus de réforme indemnitaire concernant les corps techniques. La mise en place de la réforme indemnitaire a pris du temps pour les administrateurs de l’Etat et il y a des étapes à respecter, de la même manière, pour les corps techniques.
La CGT Finances souligne l’importance d’avoir maintenu des corps techniques, même si la dénomination « d’ingénieurs » n’est pas forcément appropriée par rapport à l’ensemble des missions exercées par les agents de ce corps. Sur les carrières, il est important d’apporter d’avantage de visibilité dans les prochaines semaines.
Le ministère a précisé que le reclassement dans ce nouveau corps se fait avec une date d’effet au 01/12/2025 mais que la mise en paiement se ferait en mars 2026.
Point d’actualité sur les procédures de recrutement dans le corps des administrateurs de l’Etat et sur le comité Parcours et Carrières
La promotion qui sera affectée au 1er janvier 2026 est la première à se voir appliquer la suppression du choix des postes selon le rang de classement de sortie. Le nouveau dispositif consiste à ce que les 88 élèves aptes à être titularisés candidatent sur des postes parmi ceux proposés par les administrations.
Les administrations sélectionnent les candidatures qu’elles souhaitent auditionner pour chacun des postes et motivent leur décision. Les services dont le SG du MEFSIN assure la gestion ont proposé 29 postes sur les 93 offerts à la promotion.
Les élèves sont auditionnés selon un format identique pour chacun des postes. Les comités d’audition comportent a minima 3 personnes dont une extérieure à l’administration de recrutement. Il est possible d’organiser des comités communs pour les postes comportant des similarités : elle a été mobilisée par la DB, la DG Trésor, et la DGE qui ont constitué chacune deux sous-comités.
Le MEFSIN a reçu 975 candidatures et auditionné 610 personnes dans ce cadre (sur 1640 au total interministériel, soit 37 % pour 28% des postes offerts), durant 21 jours cumulés.
A l’issue des auditions les administrations classent les candidatures par rang de préférence et par postes et ont la possibilité de ne pas classer les élèves qu’elles souhaitent ne pas recruter. Les élèves classent de 1 à N les postes pour lesquels ils ont été auditionnés, avec la possibilité de ne pas classer certains. Les postes et les élèves sont ensuite appariés par l’INSP selon une logique de rang optimal.
Dans cette procédure, il est impossible d’avoir des échanges avec les élèves latéralement aux entretiens (c’est une contrainte qui fait partie des éléments de frustration des employeurs).
Préalablement aux auditions, il a fallu pré-sélectionner des dossiers anonymes. Il s’agissait d’un exercice inédit. Il n’y a pas eu de déception sur les profils recrutés puisque cette méthodologie a permis de recruter des profils correspondant aux attentes des employeurs et en adéquation aux carrières proposées. Les trois postes non pourvus à ce stade concernent la DGAFP, la DGCCRF et la DDFIP 92. Il y a eu peu de candidatures pour ces postes et donc une chance que l’appariement puisse se réaliser plus faible.
Sur le Tour extérieur :
Cette année, 185 candidats du ministère ont déposé un dossier de candidature, tous viviers confondus (v/s 188 candidatures en 2024).
L’organisation a été identique à celles de 2023 et 2024 avec examen croisé du dossier par un binôme, suivi d’un examen du dossier par l’ensemble du comité, et éventuel examen par un autre binôme en cas de doute.
Au terme de ces travaux, le comité ministériel a retenu 84 dossiers de candidature transmis par ordre alphabétique au comité de sélection interministériel (v/s 89 en 2024).
Un retour d’expérience collectif a été organisé (webinaire) le 1er juillet 2025 et les candidats non retenus lors de cette première phase se sont vu offrir la possibilité de rencontrer un des membres ou les deux membres du binôme ayant examiné leur dossier.
La liste des lauréats devrait être établie et les résultats communiqués le 5 décembre.
La nomination et le début de la scolarité ont lieu mi-janvier, l’affectation dans les ministères le 1er septembre 2025 et la titularisation le 1er mars N+1.
La DGAFP a souhaité évoluer sur la revendication portée par les MEF de la date de titularisation dès l’affectation en septembre N au lieu de mars N+1. Cela a des incidences notamment concernant les frais de changement de résidence. Une communication de la DGAFP sera réalisée sur les évolutions qu’elle envisage sur le tour extérieur
La mise en œuvre de cette réforme de l’encadrement supérieur s’est faite, une fois n’est pas coutume, avec une grande attention pour les cadres concernés. En revanche, peu de considération pour les conséquences sur l’ensemble des agents et l’exercice des missions. C’est pourquoi, il nous semble indispensable de faire à moyen terme,un bilan complet de cette réforme. minoritaire.