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L’état d’urgence : danger pour le mouvement social

« un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre et finit par perdre les deux », Benjamin Franklin

Suite aux attentats et face à la menace qui continue de peser sur la France, il était à l’évidence nécessaire de renforcer les moyens des services publics (police, justice, douanes) en charge d’assurer la sécurité de la population. La mise en place immédiate de l’état d’urgence s’inscrivait naturellement dans cette perspective.

La prolongation pour trois mois de ce dispositif et la volonté d’introduire dans la Constitution un « régime civil de crise » relèvent en revanche d’une autre logique. Ces décisions reposent implicitement sur l’idée que la démocratie est un handicap pour lutter contre le terrorisme et qu’il faut mettre en veilleuse certaines libertés pour mener efficacement ce combat. L’éradication de ce fléau n’étant vraisemblablement pas réalisable à court terme, c’est transformer le nécessaire renforcement de la sécurité en instauration d’un ordre sécuritaire et prendre le risque d’un état d’exception permanent. N’est-ce pas ce que cherchent ceux qui s’en prennent à nos sociétés démocratiques ?

L’état d’urgence peut aussi être une opportunité d’entraver le mouvement social et les syndicats en ouvrant la possibilité d’interdire certains rassemblements ou manifestations sur la voie publique, du moins ceux qui n’ont pas une vocation commerciale (les marchés de Noël ne semblent pas poser les mêmes problèmes de sécurité que les initiatives syndicales ou citoyennes).

Ainsi l’interdiction de la grande Marche pour le climat prévue à Paris lors de l’ouverture de la COP21 le 29 novembre, de même que celle qui devait marquer la clôture de cet événement, permettra aux gouvernements, déjà peu enclins à prendre les mesures drastiques qu’impose l’urgence climatique, de se retrouver en tête-à-tête avec les seuls lobbies, hors de la pression des citoyens.

Alors que les attaques contre le monde du travail se multiplient, que les entreprises continuent à licencier, que le gouvernement poursuit sa politique austéritaire et annonce de nouvelles réformes régressives (droit du travail…) et que par ailleurs une série de mobilisations sont en construction, à l’initiative notamment de la CGT, il n’est pas anodin que plusieurs manifestations syndicales soient annulées. Le maintien de leur interdiction traduirait clairement une volonté de museler l’expression revendicative des salariés et d’affaiblir leur capacité de résistance aux attaques dont ils sont l’objet.

La fédération des Finances CGT refuse que les salariés, les retraités et les privés d’emploi soient les victimes collatérales de la lutte contre le terrorisme. Elle les appelle au contraire à continuer à revendiquer et à défendre leurs intérêts. Pas plus qu’il n’y a de trêve dans les attaques contre le monde du travail, il ne saurait y avoir de trêve dans l’action syndicale pour le progrès social.

L’implication et la mobilisation des citoyens pour défendre une société plus juste, plus solidaire et écologiquement soutenable, y compris par l’occupation pacifique de l’espace public, constituent le meilleur moyen de défendre la démocratie et ses valeurs et le meilleur rempart contre la barbarie.

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