Les inégalités nuisent à la croissance
L’Organisation de Coopération et de Développement Economique (OCDE), dont le siège est à Paris, au bien nommé château de la Muette, dont on a un temps beaucoup parler au moment de l’AMI, est une organisation internationale connue pour ses positions très favorables au libre échange, à l’ouverture des marchés et autre flexibilisation du travail.
Aussi quand cette institution des plus conventionnelles, promouvant de plus depuis des années toutes les politiques de libération et de dérèglementation s’alarme de l’accaparement des richesses par le 1% des plus riches dans le monde, on peut penser que vraiment, quelque chose ne tourne pas rond dans l’économie mondiale.
En effet, dans un rapport publié le 21 mai dernier, les locataires du château de la Muette s’alarment du niveau des inégalités. Ils ont pu constater, en regardant juste un peu plus loin que les grilles du château, sans doute, que plus de 40% des populations des pays occidentaux ont été tenues à l’écart de la croissance économique. Ils assurent même, la larme à l’oeil que « ces inégalités nuisent aussi à la croissance » et iraient jusqu’à militer pour la fin du laisser faire des gouvernements, en utilisant l’arme fiscale ! Les dates concordant, se seraient-ils glissés parmi les délégués présents au congrès de la CGT Finances Publiques ?
Plus fort, en introduction à ce rapport, le secrétaire général de l’OCDE affirme : « en ne s’attaquant pas au problème des inégalités, les gouvernements détruisent leur modèle social, et nuisent ainsi à leur croissance à long terme ». Il reconnaît que les inégalités n’ont jamais été aussi élevées depuis que l’organisme les mesure.
Quand une partie très large de la population profite si peu de la croissance économique, le modèle social se casse et la confiance dans les institutions s’affaiblit constatent les experts. Le titre du rapport ? Pourquoi moins d’inégalité profite à tous ! On n’en est pas encore au partage des richesses, mais l’inquiétude pointe !
Contrairement à ce qui s’est dit (a été martelé) depuis des années, la croissance économique n’a donc pas permis de compenser les effets inégalitaires. De nombreux économistes - dit orthodoxes - devraient tomber de leur chaise. Plus fort, l’OCDE reconnaît - et c’est peut être cela qui l’inquiète - que les conséquences de l’explosion des inégalités n’a pas que des conséquences sociales et politiques, mais également économiques.
Les emplois dits « non-standards » participent également au creusement des inégalités. Intérimaires, temps partiels, stages, auto-entrepreneurs et autres sont devenus la norme dans les pays occidentaux. En France, 80% des emplois crées ces dernières années sont précaires et participent ainsi à la déformation structurelle. « Il est très difficile d’imaginer une égalité des chances s’il existe une si large inégalité des revenus », relève encore le rapport.
Réforme du « marché du travail », mais aussi « large réexamen du système fiscal pour s’assurer que les ménages les plus riches assument leur part dans la charge fiscale » continue le rapport en ajoutant que ce qui vaut pour les plus riches vaut aussi pour les grands groupes. Et, il convient de tout mettre en œuvre pour que ceux-ci ne puissent plus éluder l’impôt, au travers de l’optimisation fiscale et les paradis fiscaux.
L’OCDE le dit, on peut se douter de ses arrières pensées certes, mais cela ouvre un peu plus une porte ; N’est-il pas temps de la pousser encore plus ?