Travail et handicap : loin du compte !

Au cours des journées d’études "travail et santé", initiées par la fédération les 19 et 20 mars derniers, (et dont nous avons déjà rendu compte en partie sur ce site) , une douzaine de participants et participantes de diverses origines professionnelles a réfléchit, sous forme d’ateliers et débattu de la façon dont nos administrations financières, établissements publics ou semi publics intègrent nos collègues en situation de handicap.

Un premier tour de table a permis de partager les expériences et a mis en évidence :

  • un manque de prise en compte du sujet par les Directions
  • la difficulté d’obtenir des informations au niveau des CHS-CT, les directions se réfugiant derrière le secret médical
  • le sentiment des camarades d’être démunis lorsqu’il y a refus des directions des aménagements de postes. Par exemple : refus de financer le logiciel TADEO (Transcription Instantanée de la Parole et de visio-interprétation Langue des Signes Française à distance et en temps réel) au prétexte du risque sur la confidentialité des données. Sont évoqués aussi des refus de transférer le matériel adapté lorsqu’un collègue obtient sa mutation dans une autre direction.
  • difficultés à impliquer l’ensemble des militants des sections, la prise en charge de ces problèmes repose souvent sur un très petit nombre de personnes impliquées.
  • difficultés liées au fait que les collègues en situation de handicap ne font pas toujours appel au syndicat pour avoir de l’aide (pudeur, crainte de la stigmatisation)

Les participantset participantes, dans la diversité de leurs connaissances et expériences du terrain, ont ensuite formulé des propositions et rappelé les outils existants :

  1. la loi de février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Elle réaffirme les droits fondamentaux des personnes handicapées et a permis des avancées sur l’accueil, l’emploi, l’accessibilité. Bruno Picard, membre du Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées, rappelle que la loi de 2005 a notamment abouti à la création, dans le privé et le public, de fonds financés par une contribution des employeurs qui ne respectent pas les 6 % d’emploi. Dans le public, il s’agit du Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la Fonction publique (FIPHFP). Des conventions ont été signées avec certains ministères, dont le ministère des finances.
  2. les CHS-CT : leur rôle est essentiel pour la prévention de la survenue d’accidents ou de dommages pouvant occasionner, dans les cas graves, des maladies invalidantes. Lors des réaménagements de locaux, les mandatés CHS doivent porter un regard critique sur les plans afin de veiller aux respect de l’accessibilité pour les personnes en fauteuil roulant (toilettes, ascenseurs ...). Il serait également judicieux de demander un point annuel sur la situation des personnels en situation de handicap dans les directions : refus d’aménagements de postes, nombre de contrats handicaps signés et de personnes titularisées. Les médecins de prévention peuvent aussi être de bons relais sur ces questions.
  3. des actions de formation et de sensibilisation, auprès de tous les personnels, sont importantes pour une prise de conscience large et ne pas en rester au stade des idées reçues et préjugés. « ça n’arrive pas qu’aux autres ». Des sensibilisations pourraient être menées lors de la scolarité initiale des agents entrant dans l’administration. Un livret sur le handicap au travail, édité par la Cgt existe pour le privé, un travail similaire est en cours pour la fonction publique.

Pour les militants, la nécessité d’être au plus proche des collègues touchés par un handicap pour les accompagner dans leurs démarches et surtout respecter leurs projets ; respecter le choix de demander ou pas la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (à ce sujet, le Ministère des finances pousse depuis quelques années les collègues à faire systématiquement la demande).
Il faut accompagner sans s’ingérer, trouver le « juste milieu » pour ne pas stigmatiser. Des expériences d’accompagnement par des personnes référentes (ou « personnes ressources ») peuvent constituer des pistes intéressantes.

La prise de conscience que les besoins des personnes handicapées peuvent rejoindre ceux des personnes valides est une démarche importante pour faire évoluer les mentalités. Par exemple, à l’INSEE, pour les enquêteurs qui travaillent à domicile, l’employeur refuse toujours les aménagements de postes pour les personnes en situation de handicap. Ce refus résulte certainement de la crainte pour la direction de devoir financer l’installation de postes pour tous les agents enquêteurs.
Dans les services qui ont des difficultés à intégrer un collègue handicapé, cela révèle parfois une fragilité globale du collectif de travail. Réfléchir à une meilleure organisation du travail sera alors profitable à tous.

Il faut donc réussir à faire de ces sujets une question revendicative globale, afin que tous se sentent impliqués.

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