Affaire Lactalis toujours, suite...et pas fin :

Alors que la commission d’enquête parlementaire a rendu son rapport mercredi 18 juillet, il paraît interessant, et instructif de revenir sur diverses déclarations faites depuis que le scandale qui a éclaté fin 2017 après la révélation de la contamination d’un lait infantile fabriqué et commercialisé par Lactalis dans le monde entier.

Concernant les sites de fabrication et les industriels, premiers responsables,
la commission parlementaire estime nécessaire de renforcer les sanctions pénales et financières pour les entreprises à l’origine de la crise, en responsabilisant leurs dirigeants,
« qui doivent être les premiers incriminés. Jamais un capitaine d’industrie ne va répondre devant les juges. C’est toujours son directeur d’usine ou son responsable de l’hygiène, alors qu’ils imposent des cadences de travail qui font qu’on tire partout, sur l’entretien, sur la gestion des usines… Ils fabriquent les produits, ils doivent en être responsables », estime M. Besson-Moreau, député de l’Aube, rapporteur de la commission.

Quelques mois auparavant, Julien Huck, secrétaire général de la Fédération nationale agroalimentaire et forestière (Fnaf CGT), déclarait que « les causes de ce nouveau scandale sont à chercher dans la politique sociale de l’entreprise Lactalis. Outre des conditions de travail déplorables, des licenciements à tout-va, et des externalisations sans fin, Lactalis pratique également le lean management : on impose aux salariés le lavage des machines, alors que cette tâche, délicate, aurait dû être confiée à des équipes spécialisées, spécialement formées à cet effet ».
Pas plus qu’il n’y a d’équipes spécialisées en la matière, il n’existe de contrôle, depuis l’arrivée du lait jusqu’à son conditionnement, établi sur la base d’un cahier des charges internes qui respecte les normes européennes. Rien de tout cela n’existe chez Lactalis, argumente la Fnaf-CGT. « Du fait de leurs conditions de travail dégradées, les salariés ne disposent pas de moyens et de temps suffisants pour faire leur travail », ajoute la Fnaf-CGT.
Au delà de l’utilité et du sérieux de l’enquête parlementaire, on aurait sans doute gagner beaucoup de temps à écouter ce qu’ont à dire sur leur travail les salarié-e-s de l’entreprises, au cœur de la production. En prêtant une oreille attentive à ce qu’ils disent, eux et leurs représentants et représentantes, dans les différentes instances, il est vraisemblable, ici comme ailleurs que le drame aurait pu être évité.

Réorganiser les services de l’Etat ?

Après plusieurs mois d’auditions, le texte préconise, notamment, une réorganisation des services de l’Etat chargés de la surveillance des crises sanitaires, et recommande d’en placer la responsabilité sous la tutelle « d’une seule administration qui gérerait les questions sanitaires de la fourche à la fourchette », indique monsieur Besson-Moreau.

Les députés membres de la commission reconnaissent que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF),« a fait un travail exceptionnel dans l’affaire Lactalis.

Le syndicat national des agents de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (SNACCRF-CGT), constatait il y a peu que le scandale Lactalis « révélait les conséquences de l’addition d’une désorganisation de la DGCCRF et des politiques assumées des suppressions d’emploi ». 
Les effectifs de la DGCCRF, qui ont pour tâche le contrôle d’entreprises comme Lactalis, sont passés de 3600 en 2008, à 3000 en 2012. « Ainsi le CCRF implanté en Mayenne (où se situe l’usine Lactalis incriminée) a vu ses effectifs fondre de moitié depuis une dizaine d’années, passant d’environ 15 à 7-8 agents, pour accomplir ses missions à l’échelle du département ». 
Dans le cadre du plan de réduction d’effectifs dans la fonction publique Cap 2022, de nouvelles suppressions d’emplois sont prévues.
Dans le même temps, ajoute le SNACCRF-CGT, la possibilité pour la DGCCRF de saisir la justice s’est considérablement réduite, au profit de suites administratives, voire d’une absence de suite. Ainsi, le gouvernement fait passer un projet de loi qui promeut le droit à l’erreur et le droit au contrôle sans sanction.
L’adoption de ce texte ferait de la DGCCRF un organe de conseil aux entreprises. Quid de l’efficacité des contrôles ??

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