Effacer la dette grecque : un danger pour les français ?

Ces derniers jours, les chroniqueurs nous ont expliqué qu’en cas d’effacement total de la dette grecque, cela coûterait à chaque Français plus de 700 €, la Grèce devant, directement ou indirectement, plus de 40 milliards d’euros à la France.

Cet argument reprend une image régulièrement utilisée pour dramatiser le poids de la dette publique et effrayer les salariés. Ainsi, on nous présente la dette publique française comme représentant plus de 30.000 € par habitant bébés compris ! (avec ce mode calcul, l’Allemagne est à plus de 26.000 €, les États-Unis à plus de 41.000 €).

Pourquoi cela est-il absurde ?

D’abord, quand on parle de dette, il faut aussi parler du patrimoine qu’elle a financé, des biens qu’elle a permis d’acquérir. Combien chaque contribuable en France possède de patrimoine public ? L’absurdité de cette question saute aux yeux, mais elle relève de la même démarche que celle consistant à diviser une dette publique par le nombre d’habitants d’un pays. N’ayons pas peur de la réponse : fin 2011, chaque habitant en France possédait 45.000 € correspondant au patrimoine des administrations publiques (2683 milliards d’euros) divisé par le nombre d’habitants.

Ensuite, diviser une dette publique par le nombre d’habitants (bébés compris) sous-entend que chacun est imposé et taxé pour le même montant, et que seules les personnes physiques payent des impôts et taxes. C’est peut-être ce que ces analystes espèrent mais ce n’est heureusement pas le cas !

Dans un système fiscal juste et efficace, chacun doit contribuer à hauteur de ses moyens, et tous les agents économiques doivent contribuer, y compris bien sûr les entreprises. On voit par là le non-sens d’affirmer que chaque individu en France doit 30.000& € au titre de la dette publique de la France, et 700& € si la Grèce ne rembourse pas.

Il est évident que la dette publique, comme toute dépense publique doit être supportée en fonction des facultés contributives de chacun (article 13 de la Déclaration des droits de l’Homme). En clair : même s’ils font tout pour échapper à leurs obligations, Total, Starbuck ou Liliane Bettencourt doivent contribuer davantage qu’un travailleur payé au Smic.

Enfin, pour revenir à la dette grecque, la majeure partie des 40 milliards engagés par la France l’est sous forme de garanties apportées au Fond européen de solidarité financière (FESF). Ces 40 milliards sont donc déjà comptabilisés dans la dette publique française.
En outre, la Banque centrale européenne pourrait intégrer des rachats de dette grecque aux 1140 milliards d’euros de rachats de titres (dont 2/3 d’obligations d’États) qu’elle a prévu d’effectuer d’ici septembre 2016. Mais, elle a décidé de ne pas le faire, sauf si la Grèce se plie aux exigences de ses créanciers, c’est à dire met en place de nouvelles purges sociales.

Ce sont donc des décisions politiques visant à réduire les droits des travailleurs afin d’augmenter les profits des rentiers et des spéculateurs. Pour cela, ils divisent les peuples en les effrayant sur le montant de la dette publique qui reposerait sur la tête de leurs enfants.

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