16 mesures d’urgence contre la guerre commerciale
Le relèvement des droits de douane décidé par Donald Trump a déclenché une réaction en chaîne sur les grandes places boursières internationales. Ce n’est pas un simple incident commercial : c’est le signal d’une nouvelle phase de crise systémique du capitalisme mondialisé, après celles de 2008 et du Covid-19.
Le libre-échange non réglementé et la recherche effrénée de profits par les entreprises ont conduit à une course vers le bas
La Confédération syndicale internationale (CSI) souligne depuis longtemps que le libre-échange non réglementé et la recherche effrénée de profits par les entreprises ont conduit à une course vers le bas en matière de salaires, de conditions de travail et d’impacts négatifs sur l’environnement et l’épuisement des ressources naturelles.
Aujourd’hui, les États-Unis suspendent partiellement ces surtaxes pendant 90 jours, sauf pour la Chine, visée par une taxe douanière massive de 125 %.
Ce retournement tactique confirme que nous sommes face à une instrumentalisation assumée du commerce mondial au service d’intérêts géopolitiques et financiers.
Malgré cette suspension, rappelons que l’augmentation de 10% des droits de douane sur les importations est maintenue pour l’ensemble de la planète. Ce qui amène, en l’état, les USA à avoir son taux de douane moyen sur les importations le plus élevé depuis 1903 (27%). Il s’agit d’ores-et-déjà d’un changement qualitatif majeur dans les dynamiques du commerce mondial.
Mais derrière cette guerre tarifaire, ce qui se joue, c’est une tentative brutale de reconfigurer l’ordre économique mondial au profit des Etats-Unis. En érigeant des barrières douanières et en menaçant les concurrents économiques, les États-Unis cherchent à attirer les capitaux, relocaliser les profits, et conserver leur hégémonie, au prix d’un chaos organisé.
Un risque immense pour l’Europe
Le risque est immense pour l’Europe de se retrouver avec une économie écrasée entre l’impossibilité de vendre aux Etats-Unis et le déferlement des produits fabriqués dans des pays à bas coût. La Chine en particulier va se retrouver avec un immense excédent de marchandises à écouler.
Cette redirection forcée des flux chinois pourrait provoquer un dumping massif sur le marché européen, aggravant les difficultés de secteurs déjà fragilisés comme l’électronique, les équipements industriels, l’automobile ou la chimie.
Le patronat utilise le tableau sombre qui se dessine comme un levier pour détricoter encore davantage nos normes sociales, fiscales et environnementales. Sous couvert d’un échange "constructif et collectif", dixit Bercy, les représentants des filières industrielles ont profité de l’urgence pour réactiver leur agenda habituel : plus de "compétitivité", plus de "simplification", c’est-à-dire moins de droits pour les salariés, moins d’exigences écologiques, moins de fiscalité sur les profits.
Loin d’un sursaut collectif, on assiste à une tentative de faire passer en force des régressions structurelles, alors que la gravité de la situation impose au contraire un renforcement des protections collectives, une reconquête industrielle au service de l’intérêt général, et une réponse solidaire à la crise qui vient.
Quatre impératifs se dessinent : démocratiser ; définanciariser ; déspécialiser ; décarboner par la réindustrialisation.
Autour de ces impératifs, la CGT propose 16 mesures d’urgence ⤵️