Baisse d’impôts : le piège !

Dans la campagne de l’élection présidentielle, la "baisse des impôts" a soudain pris une importance particulière dans les discours et propositions des deux candidats présentés par les médias comme devant se retrouver face à face au second tour électoral, avec l’apparition d’un curieux et inquiétant consensus. Pour l’un, il s’agirait de faire baisser les impôts pour tous de 33% en cinq ans, et pour l’autre, de continuer la baisse engagée par son gouvernement avec en plus la perspective du passage à la retenue à la source par l’employeur. Bref, c’est Noël tous les jours. Mais en réalité le mensonge le dispute au cynisme.

Baisser les impôts, disent ils, mais quels impôts et qui va en profiter ?

La logique et la justice sociale, de même que l’efficacité économique, voudraient que l’on s’attache à faire baisser les plus injustes, les impôts indirects, la TVA en particulier, impôt sur la consommation qui frappe indistinctement riches et pauvres, donc beaucoup plus durement les pauvres.

Les classes modestes, en effet, dépensent la totalité de leurs maigres revenus dans la consommation des biens de première nécessité : logement, nourriture, vêtements, transports ... tous frappés par la TVA. Par contre les classes aisées si elles consomment - et plus que les pauvres - n’y consacrent qu’une partie de leurs revenus, le reste étant épargné, placé, et à ce titre bénéficiant de nombreux systèmes d’exonération au nom du soutien à l’épargne.

Ce ne sont pas les impôts injustes qu’on prévoit de baisser. C’est l’inverse !

Ce qui est mis en avant c’est la baisse de l’impôt sur le revenu, seul impôt progressif qui fait contribuer les citoyens "selon leurs facultés". Or la moitié des foyers fiscaux en sont exonérés faute des ressources suffisantes ! Les "pauvres",
bas salaires, chômeurs (déjà écartés de la prime pour l’emploi), précaires, travailleurs à temps partiel, jeunes sans revenus, titulaires de minima sociaux seront ainsi les grands exclus des largesses fiscales des principaux prétendants à la présidence de la France. Bonjour la "facture sociale" !

Par contre ces largesses réservées aux classes les plus aisées, seront payées -et cher- par celles et ceux qui n’en bénéficieront pas, par de nouvelles compressions sur les dépenses socialement utiles de l’Etat et la mise en vente de services publics dont la privatisation est censée compenser budgétairement le manque à gagner fiscal. EDF et GDF sont dans le collimateur, mais aussi EULIA (Caisse des dépôts et de consignations, Caisses d’épargne, donc, le financement du logement social, la politique de la ville), tout comme les activités financières de la
Poste et quelques autres... qui ont encore à ce jour, grâce aux luttes, échappé à la frénésie libérale des gouvernements qui se sont succédés depuis 20 ans. Bonjour la justice sociale ! Face aux surenchères démagogiques et aux renoncements devant les exigences des marchés financiers d’autres orientations sont nécessaires.

Il faut une réforme fiscale juste et utile. La fédération des finances CGT se prononce notamment pour les mesures suivantes :
 Baisser la TVA de manière significative pour soutenir la consommation, l’activité économique et l’emploi ;
 Asseoir l’impôt sur le revenu sur l’ensemble des revenus et en accroître la progressivité ;
 Prendre mieux en compte les facultés contributives dans le calcul de la taxe d’habitation ;
 Taxer les revenus du capital aux mêmes taux que ceux du travail ;
 Inciter fiscalement à l’embauche stable et correctement payée ;
 Mettre en place une fiscalité écologique dissuasive, protectrice de la santé des personnes et de l’environnement ;
 Travailler à une harmonisation des politiques fiscales au niveau européen, contre le dumping fiscal, pour des politiques sociales solidaires ;
 Mettre en place au plan européen une taxation des transactions financières internationales (Taxe Tobin) dont une partie des revenus serait affectée à l’aide au développement, la santé et l’éducation dans les pays les plus pauvres de la planète et l’autre à la lutte contre les inégalités et l’éradication des exclusions sociales, sanitaires et scolaires en Europe même.

Ces exigences, il appartient aux salariés, et plus largement, au mouvement
social d’en débattre, de les porter en termes de luttes solidaires.

Pour la justice fiscale et pour de réelles avancées sociales, rassemblons nous et luttons ensemble !

Montreuil, le 11 mars 2002

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