Bercy bras armé et cible des réformes

Propos tenus par Alexandre Derigny [1] dans le journal l’Humanité du jeudi 8 juillet 2010, dont il est l’invité de la semaine.

Source sur le site de l’Humanité

Version parue dans l’Humanité

Les ministères du Budget et de l’Économie sont très singuliers. Ils orchestrent par les lois de finances des réformes destructrices en termes de services publics et sont eux-mêmes une cible privilégiée au nom de l’exemplarité.

Christine Lagarde et François Baroin ont annoncé, mardi, la suppression de trois mille quatre cents emplois à Bercy, qui viennent s’ajouter au flot hémorragique régulier des dernières années. Difficile d’être acquis à la stratégie curative héritée du XVIe siècle qui consiste à pratiquer une saignée toujours plus abondante à une fonction publique toujours plus affaiblie.

Bien sûr, pour les agents de ces ministères ce sont des conditions 
de travail dégradées, des perspectives
de carrière plus étroites, des reculs 
de pouvoir d’achat, des craintes sur la pérennité de leur emploi. Mais ce qui inquiète le plus, c’est la mise à sac des missions, la dévalorisation d’un travail qui était utile pour la collectivité, et qui faute de moyens n’est plus assurée correctement. Le tout étant dirigé par la baguette aveugle d’indicateurs, inoculant des notions de « rentabilité » incompatibles avec le service public.

Ce sont des agents de la DGCCRF mis dans l’incapacité de protéger efficacement les consommateurs 
et garantir la sécurité alimentaire.

Ce sont des douaniers, toujours plus disséminés, qui sont à la peine pour faire front afin d’assurer la sécurité 
des personnes et la préservation 
de l’environnement. Ce sont 
des vérificateurs en difficulté devant 
la fraude fiscale massive.

Ou des agents de l’Insee inquiets sur l’avenir de leurs missions pourtant garantes de l’indépendance et la neutralité de l’analyse statistique.

C’est une administration qui s’éloigne du citoyen et qui remplace son guichet de proximité par un portail Internet et des centres d’appels déshumanisant le lien avec l’État. Il est urgent de réagir afin de ne pas laisser en héritage des lambeaux de fonction publique, incapable de répondre aux besoins des populations 
et notamment des plus fragiles.

Notes

[1secrétaire de la fédération des finances CGT, et membre 
de la Commission exécutive nationale du syndicat des finances publiques CGT.

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