Caisse des dépôts : le financement du logement social menacé.

Le gouvernement doit maintenant annoncer clairement ses Intentions : Veut-il supprimer l’épargne populaire et en premier lieu le livret A et privatiser les derniers établissements du pôle financier public, dont la Caisse des dépôts ?

Dans les colonnes de la Tribune du 20 janvier dernier, J. ARTHUIS, Président de la Commission des Finances du Sénat, se demandait si “la gestion publique de cette épargne est opportune alors qu’elle est destinée au financement du logement social” et estimait que “ les banques françaises sont aptes à gérer cette épargne de masse ”.

Il va même jusqu’à y déclarer “qu’en période d’inflation les titulaires d’un livret A sont littéralement spoliés”. Plus inquiétant peut être encore, Francis MER, Ministre de l’Economie et des Finances, déclarait dans un colloque récent que l’épargne populaire réglementée était “stérile” et qu’il fallait favoriser l’épargne en actions au service de l’investissement industriel, dont l’encours actuel est jugée trop faible.

A l’heure prochaine de la remise du rapport NOYER-NASSE sur l’épargne réglementée, ces propos inédits et outranciers tenus par des responsables publics éminents ont tout l’effet d’un coup de tonnerre, menaçant le pacte républicain qui lie depuis plus d’un siècle et demi les citoyens à la Poste, aux Caisses d’Epargne et à la Caisse des dépôts dans un cycle vertueux permettant à la fois la collecte et la centralisation totalement sécurisée de l’épargne des ménages et son orientation vers le financement du logement social ou d’investissements d’intérêt général.

“Stérile”, cette épargne qui a permis le financement des écoles de la troisième république, des voies et canaux nécessaires à l’aménagement et à la cohésion du territoire national, et la construction de plus de 80 % des 4 millions de logements sociaux. Stérile, cette épargne qui a rapporté plus de 17 milliards d’Euros à l’Etat ces dernières années.

Faut-il rappeler à J. ARTHUIS que les 46 millions de titulaires de livret ne se sentent nullement spoliés, eux qui ont fortement plébiscité le livret en permettant une augmentation de la collecte de près de 50% en 2002 ? faut-il rappeler encore que depuis sa création, le livret A, garanti par I’Etat et géré par des institutions publiques n’a précisément jamais floué ses détenteurs ? et que dans la période actuelle, l’effondrement persistant du marché des valeurs mobilières fait contradictoirement du livret A, dont on rappelle qu’il est un placement parfaitement liquide, un des meilleurs placements possibles ?

Derrière ces propos outranciers, faut-il lire sans doute, les prémices d’une orientation ultralibérale visant en s’attaquant au socle principal du pôle financier public (l’épargne populaire) à orienter ses établissements (Poste, CDC, Caisses d’Epargne ...) vers un démantèlement et une privatisation inéluctables et à forcer les épargnants de France (rappelons que le taux d’épargne des ménages français (plus de 16 %) est un des plus élevés d’Europe) à investir d’avantage en actions. Plus largement, on ne peut que faire la relation entre ce projet et l’orientation gouvernementale de permettre une privatisation et une individualisation partielles du financement des retraites via la mise en place de “fonds de pension à la française” : rappelons que l’épargne populaire administrée avec plus de 200 milliards d’euros d’encours représente plus du double de l’encours d’actions détenus par les ménages.

Parallèlement, et toujours dans ce cheminement ultra-libéral, le gouvernement souhaite-t-il offrir à la concurrence dans le cadre de partenariats publics-privés aujourd’hui “à la mode”, le “marché” du financement du logement social ou des ouvrages d’intérêt général.

Une telle politique sonnerait très vite le glas du logement social. Or la Caisse des dépôts, dont c’est une des missions publiques, transforme en toute sécurité pour les épargnants les fonds d’épargne en prêts aux financements de logements sociaux notamment, sur de très longues durées (50 ans) et sans prendre aucune marge. Quelle banque privée pourrait ou même voudrait le faire demain ?

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