Un bien public privatisé

Par sa nature et le rôle essentiel qu’elle joue dans la société, la monnaie est un bien public. Dans les économies modernes, ce sont pourtant des acteurs privés, les banques, qui en assurent la création et la gestion. La monnaie fiduciaire, c’est-à-dire les billets et les pièces (émis respectivement par la BCE et les États), ne représente que 16 % des euros en circulation, l’essentiel de la masse monétaire étant constitué par la monnaie dite scripturale, c’est-à-dire par les dépôts bancaires.

Ce sont en effet les banques qui créent la monnaie en octroyant des crédits. Contrairement à ce que l’on croit parfois, ce ne sont pas les dépôts qui alimentent les crédits mais bien les crédits qui font les dépôts. Lorsqu’une banque consent un prêt, elle porte cette somme en dépôt sur le compte de son client qui va l’utiliser pour régler ses dépenses, générant une circulation de flux monétaires et une succession de dépôts dans d’autres banques. Les banques disposent donc d’un pouvoir exorbitant mais celui-ci est normalement encadré par la banque centrale. Pour que le système fonctionne et que les banques puissent notamment répondre aux demandes de billets de leurs clients, elles doivent disposer d’un compte créditeur auprès de la banque centrale qu’elles alimentent en empruntant auprès de cette dernière. On parle alors de refinancement. Par sa propre création monétaire, la banque centrale peut ainsi maîtriser celle des banques, d’autant qu’elle a la faculté de leur imposer de maintenir un certain montant de dépôt auprès d’elle. Il s’agit là des réserves obligatoires.

Au nom d’un certain dogmatisme monétariste et de la volonté d’interférer le moins possible avec le libre jeu des marchés, les banques centrales, tout particulièrement en Europe, se sont toutefois en partie dessaisies de leur pouvoir, se préoccupant davantage de la liquidité des banques que des crédits à l’économie. Expression de l’évolution des rapports de forces et de pouvoir, la monnaie est ainsi de fait privatisée et mise au service des marchés.

Nous contacter

Fédération des Finances CGT
263 rue de Paris - Case 540
93514 Montreuil cedex
Tel : 01 55 82 76 66
contact@cgtfinances.fr
https://www.high-endrolex.com/11