Introduction

Ce qu’il est convenu d’appeler la « crise grecque » et son épilogue – provisoire ? – via la « Déclaration du sommet de la zone euro » du 12 juillet 2015 laissent un goût amer. Les élections du 25 janvier, confirmées et amplifiées par le référendum du 5 juillet, avaient suscité l’espoir que des alternatives à l’austérité et aux reculs sociaux étaient enfin possibles en Europe. C’était bien évidemment inacceptable pour les dirigeants européens, les élites financières qu’ils représentent et les technocrates à leur service. Ils ont donc mobilisé toute leur force de frappe financière, économique et médiatique pour réduire à néant une telle perspective, quitte à discréditer le projet même d’Europe aux yeux des populations. Tel est le sens du « compromis » imposé au gouvernement grec par lequel l’Eurogroupe inflige une nouvelle cure d’austérité au peuple hellène, puni pour son audace, et met quasiment sous tutelle le pays, dont l’économie a déjà été fortement mise à mal par les plans précédents.

Loin de contribuer à sortir la Grèce de ses difficultés, l’« aide » financière promise – mais non encore entérinée et conditionnée au fait que le gouvernement grec aille toujours plus loin dans le reniement de ses promesses électorales et l’acception de la surenchère d’exigences posées par ses créanciers – vise simplement à lui maintenir la tête hors de l’eau tout en alourdissant le poids d’une dette qui s’avère être un excellent moyen de chantage (le supplice de la baignoire, selon Yanis Varoufakis). Peu importe que cette dette ne soit pas soutenable et qu’elle ne soit jamais remboursée. La question n’est pas financière mais politique : il s’agit de maintenir la main-mise des créanciers sur le pays.

On ne peux bien sûr qu’être effaré par tant d’acharnement et de cynisme. Quels que soient les épisodes à venir – la question d’une sortie de l’euro n’est pas vraiment réglée – la crise humanitaire que subit la Grèce est appelée à s’amplifier du fait d’une politique qui va accentuer la récession et poursuivre le démantèlement des systèmes de protection sociale et des services publics. Les jeunes n’auront pour seul avenir que l’exil et le renoncement à tout projet dans et pour leur pays. L’idéal européen, au nom duquel sont censées agir les « Institutions », justifie-t-il un tel châtiment ?

En fait si cette crise a une vertu, c’est d’avoir révélé la vraie nature de la construction européenne telle qu’elle s’exprime aujourd’hui à travers les institutions de l’Union européenne et de la zone euro. Les masques sont tombés  ! Contrairement à la présentation qui en est souvent faite, la crise n’exprime pas un conflit entre la Grèce et l’Europe mais un conflit social et politique opposant les intérêts des travailleurs et de la majorité des populations aux intérêts des financiers, banques et grandes entreprises représentés par les gouvernements nationaux et les institutions européennes qu’ils ont mis en place pour les défendre.

De ce point de vue, le combat politique mené par les Grecs, même s’il a pour l’instant échoué dans un rapport de force extrêmement défavorable, peut être utile à tous les citoyens européens si l’on en tire collectivement quelques enseignements qui permettent de mieux mesurer les enjeux auxquels nous sommes confrontés et d’ajuster nos stratégies en conséquence. Sans prétendre à l’exhaustivité, trois grandes leçons au moins émergent de la période que nous venons de vivre.

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